Pour sa sixième édition, la Paris Games Week voit les choses en grand. 60000m², cinq jours d’ouverture pour une affluence record de 307000 visiteurs, contre 270000 l’an dernier. A titre de comparaison, la gamescom de cette année a accueilli 345000 visiteurs pour une surface d’exposition trois fois plus grande…
Plusieurs objectifs tiennent à coeur des organisateurs de la PGW: concurrencer les grands salons avec des exclus, un véritable show pour attirer encore et toujours plus de public, le cœur de cible de cet événement. La presse, conviée à l’événement, peut difficilement travailler sereinement, il n’y a d’ailleurs pas la même quantité de travail à abattre, car peu de conférences d’éditeurs et la plupart des jeux présents sur le salon ont déjà été vus en août lors de la gamescom ou pendant l’E3. Les versions jouables de ces jeux en attestent, le build de Rise of the Tomb Raider date d’août 2015. Rien de neuf même si cela reste un plaisir d’y jouer.
Cette année comme les précédentes, l’objectif de la rédaction de CGF est de cibler ce qui nous intéresse et d’en voir le max pendant la journée où le salon est encore fermé au public. Preuve que le salon grandit et pense au confort des journalistes, l’accès à la PGW peut se faire la veille de la grande ouverture dès midi et jusqu’au soir. Mieux que le petit 17h des éditions passées. Cet aménagement permet, au-delà des petits fours et du coca gratuit de jouer sans ses farcir des files d’attente et de pouvoir discuter tranquillement avec les fameux RP ou parfois avec les développeurs d’un jeu. On a d’ailleurs le temps de parcourir les deux halls, de repérer les lieux sans piétiner ou subir le public un peu sauvage. Loin de nous l’idée de rejeter les visiteurs, mais le travail est forcément moins confortable quand il faut patienter 20 minutes pour chaque jeu et que le temps de jeu est proche du néant.
Nous en venons maintenant au contenu et à ce qui peut intéresser un site dédié au PC dans un tel salon. La plupart des jeux sortent dans les semaines qui suivent, il n’y a donc pas matière à en faire des aperçus. Cette année fut d’ailleurs très pauvre quand on ne traite que le jeu PC, la faute à un calendrier plutôt light et qui est loin de nous enchanter. Call of Duty? On connaît la recette. Destiny? Pas sur PC. Overwatch? Over côté. Même constat pour AC Syndicate, Just Cause 3, Star Wars Battlefront, des jeux sur le point de sortir. Nous avons donc concentré nos efforts sur The Division, attendu en mars prochain, Rise of the Tomb Raider, prévu quelque part en 2016 et c’est à peu près tout. Le second hall offrait une zone dédiée au jeu vidéo français, présentant quelques jeux sur PC. Parmi la quantité d’invitations reçues, nous avons honoré par exemple celle de Bigben qui conviait certains journalistes à une présentation privée du prochain Sherlock Holmes durant près d’une heure. Un tête à tête avec les développeurs de Frogwares dont nous vous parlons ici. Les stands hors-jeu vidéo se consacrent au matériel gaming mais servent surtout de boutique. On trouve même quelques stands d’accessoires japonais kawaii qui se sont perdus depuis la Japan Expo, il faut croire. Le reste représente le summum de notre indifférence, à savoir l’e-sport et ses compétitions de League of Legends, de Starcraft ou de Dota2. Des stands survoltés lorsque la coupe du monde battait son plein.
La PGW s'oriente vers de l'entertainment à grande échelle
Il faut satisfaire tout le monde, que ce soit le joueur venu tester les prochains hits, voir ses idoles youtubeurs ou sa copine pas adepte de jeu vidéo qui veut s’amuser un peu sur le stand Nintendo et acheter des chaussettes Kirby. Avant tout destinée au public, La Paris Games Week semble se trouver le cul entre deux chaises au fur et à mesure de ses éditions, toujours couronnées de succès. D’un côté, on aime l’accès à la presse only (ou quasi) pendant une journée, le coin dédié aux jeux Made in France, les RP sympa ou la Game Connection, zone ouverte aux professionnels uniquement, faite pour rencontrer les acteurs du jeu vidéo, les constructeurs, les indépendants, etc. Cette année d’ailleurs, la Game Connection squatte le Hall 2, le contraste est même saisissant entre l’ambiance feutrée, professionnelle de la GC et les stands pour le public qui crachent du son dans un volume trop élevé et avec beaucoup trop de monde. D’un autre côté, on n’aime pas du tout cette ambiance beaucoup trop surchauffée, le sens du spectacle exacerbé, le marketing omniprésent, ce qui donne un salon ressemblant davantage à un grand magasin en période de fêtes de fin d’année avec des animateurs poussant les visiteurs à acheter sans compter. Cela s’explique par la présence quasi exclusive de jeux sortant d’ici à la fin de l’année…
La circulation se veut facilitée par des allées plus larges mais cela donne un résultat assez mitigé tant la fréquentation est forte. La jeune génération s’agglutine devant les stands de Cyprien, de Jeuxvideo.com ou de GameOne, en espérant un autographe d’une star de Youtube, les nouveaux chouchous des éditeurs, vaches à lait pour beaucoup. Voir un tel engouement, pour des joueurs autour ou ayant dépassé la trentaine nous laisse assez circonspects. Passons-nous pour de vieux réacs n’ayant pas compris ce que devenait l’industrie du jeu vidéo ? Peut-être, mais quoi qu’il en soit, la Paris Games Week s’oriente vers l’entertainment à grande échelle, tout est fait pour consommer le jeu vidéo plus que pour y jouer, pour le vivre comme une passion. Puisqu’il souhaite se mesurer à la concurrence internationale, comparons-le à l’E3, à la gamescom ou encore au Tokyo Game Show, les trois mastodontes. La PGW se place à l’écart de ces trois événements, presque dans une autre catégorie. A terme, cela risque de devenir une scène géante faisant l’honneur à l’e-sport, avec les partenaires qui ont leurs stands et quelques éditeurs venus présenter leur catalogue de fin d’année. Une orientation finalement totalement contradictoire avec ce que doit véhiculer le jeu vidéo, cette notion de plaisir par le jeu, sa fonction principale, brute. Cette probable destinée, qui devrait trouver son public sans problème, risque d’éloigner une grosse partie de la communauté de joueurs, qui préfère les annonces lors de conférences ou pouvoir s’essayer à des jeux dont la sortie n’est pas dans le mois qui suit… La conférence de Sony, tenue à La Défense et très attendue a à peine été couverte par les médias étrangers, c’est dire.
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