Cette année, la rédaction de «Computer Games France» a rédigé 60 tests de jeux vidéo. Parmi eux, à peine une dizaine concernait des exclusivités PC, on compte également 36 jeux édités par des gros pontes de l’industrie, le reste concernant de plus petits noms ou des indépendants. Le moment est donc parfait pour voir si nos éditeurs ont bien bossé cette année, de faire un bilan se basant sur différents critères. Nous regarderons ainsi la qualité des jeux sortis, la manière de communiquer ou de ne pas communiquer et nous relativiserons le tout avec l’innovation apportée à ces créations. Nous nous basons sur les jeux testés par la rédaction et donc sortis sur PC.
Note des jeux: 7,6/10 sur une moyenne de 8 jeux
Taux d'innovation: 40% des jeux (The Crew, Child of Light, Soldats Inconnus)
Communication et bullshit: Ubisoft, comme tout gros éditeur désormais, en fait des tonnes sur ses productions à venir. Communication agressive, un ou plusieurs trailers par jour quand la sortie d'un jeu approche. On peut également noter les adaptations PC ratées de Watch Dogs et Assassin's Creed Unity: framerate à la ramasse, optimisation ratée. Après ces échecs, Ubisoft s'excuse à peine, parce qu'après tout, la communauté PC n'est pas si importante, la moitié des joueurs sont des pirates qui volent le travail d'artistes talentueux. Sans cautionner, comment ne pas comprendre l'agacement de voir tout le temps des jeux qui se ressemblent et manquent d'innovation? L'oubli du réglage du FOV en multijoueur dans Far Cry 4? C'était évidemment prévu, il a été activé via un patch le jour de la sortie pour les acheteurs uniquement. En revanche, un beau boulot, classe et digne autour des sorties de Child of Light et Soldats Inconnus.
Nos souhaits: ne pas envisager de Watch Dogs 2 pour le moment, le semi-échec du premier n'est pas complètement digéré. Nous rêvons également secrètement de ne plus voir un Assassin's Creed tous les ans, il est évident que cela n'est pas signe de qualité, malgré le background historique toujours réussi. Le second opus avait rencontré un vrai succès de par son attente également. Cela semble toutefois peine perdue, AC Victory est déjà annoncé pour fin 2015. En revanche, on reprendrait volontiers des jeux d'aussi bonne qualité que Child of Light ou Soldats Inconnus. L'orientation open world de l'éditeur français n'augure pas selon nous des titres AAA irréprochables, à moins que l'exigence dans le cahier des charges soit revue à la hausse. Chaque open world (Far Cry 4, WD, AC Unity) semble identique en dehors du décor et du héros, avec des zones à débloquer, des quêtes annexes similaires, les compétences, les PNJ, etc.
Note des jeux: 6,5/10 sur une moyenne de 4 jeux
Taux d'innovation: 25% des jeux (Titanfall)
Communication et bullshit: plus discret que l'omnipotent Ubisoft, EA n'est cependant pas en reste, avec des licenciements à Salt Lake et 75 départs chez Irrational. Par contre, les actionnaires se frottent les mains des succès de BF4, FIFA 14 et Titanfall, seule nouvelle licence de l'année, un peu originale malgré beaucoup d'imperfections. Pour le reste, on se demande toujours si quelqu'un s'occupe de la plateforme Origin, instable, non sécurisée et franchement peu ergonomique, si bien que l'on hésite à s'acheter un jeu qui y serait moins cher que sur Steam. On note et dénonce également les méthodes pour indirectement supprimer le support ou des fonctionnalités de personnalisation liées à FIFA 14.
Nos souhaits: plus d'infos concrètes autour des prochains Mirror's Edge et Mass Effect.
Note des jeux: 7,3/10 sur une moyenne de 3 jeux
Taux d'innovation: 0%
Communication et bullshit: tel un indépendant libre de ses choix et de sa communication, Telltale communique peu de temps avant l'arrivée d'un jeu ou d'un épisode et semble éprouver beaucoup de difficultés à écouter les critiques. Rien ne ressemble plus à un jeu Telltale qu'un autre jeu Telltale.
Nos souhaits: être davantage à l'écoute des joueurs, ne pas traduire ses jeux six mois après leur sortie, offrir une véritable maniabilité autre que «WSAD», surtout pour les claviers en AZERTY, retravailler l'animation globale de ses jeux. Par contre, ne rien changer aux bandes-son, aux dialogues et à la mise en scène, souvent exemplaire.
Note des jeux: 6,3/10 sur une moyenne de 4 jeux
Taux d'innovation: 0%
Communication et bullshit: ne jamais adapter un jeu sorti sur smartphone sur PC, ça donne souvent un mauvais résultat. Après une première annonce de la suppression de Warner Bros ID, très lourd et complètement inutile, l'éditeur revient sur sa décision et annonce le WBPlay, une plateforme en ligne pour ses jeux, pas encore au point fin 2014. On s'en passe très bien. Plutôt discret, Warner a sorti plusieurs très bien accueillis, le très bon Terre du Milieu: L'Ombre du Mordor et les très appréciés LEGO: Le Hobbit et La Grande Aventure, adaptés des films à succès. Toutefois, l'utilisation de ces licences à outrance risque de grandement lasser, mais il ne faut pas attendre autre chose d'un studio de cinéma.
Nos souhaits: un Batman réellement open world dans Gotham et non pas une énième redite d'Arkham City? Idem pour les licences Marvel?
Note des jeux: 6/10 sur une moyenne de 2 jeux
Taux d'innovation: 0%
Communication et bullshit: Pro Evolution Soccer 2015 sur PC, on en parle? Annoncé comme le retour du roi, celui qui réconcilie les joueurs, qui met tout le monde d'accord et fout une claque à FIFA, ce PES n'est pas une honte mais presque. Techniquement raté, graphiquement laid, incomplet et toujours avec les défauts habituels, le jeu n'a pas grand chose à proposer d'intéressant: une physique de balle réussie, un aspect plus simulation que chez FIFA 15 mais cela s'arrête là. Konami a vendu du rêve aux joueurs PC en se jouant d'eux éperdument. On peut également parler des mises à jour officielles qui viennent plomber les patchs fait par la communauté pour ajouter du contenu et les licences manquantes. Toutefois, et là c'est plutôt pas mal, on apprécie l'initiative de Hideo Kojima de sortir son Metal Gear Solid V: Ground Zeroes sur PC dans la foulée des versions consoles, chose impensable il y a encore une dizaine d'années. Un véritable intérêt pour le PC, le meilleur support de jeu, le plus complet et avec les meilleurs prix.
Nos souhaits: un vrai PES qui ne se moque pas des joueurs PC, le retour de Suikoden sur PC? Un bon Metal Gear, une première depuis dix ans?
Note des jeux: 6,6/10 sur une moyenne de 3 jeux
Taux d'innovation: 33% (The Evil Within)
Communication et bullshit: un lancement simple et moins remarqué pour The Elder Scrolls Online, même très discret à côté des matraquages dont Ubisoft et EA sont les spécialistes. Malgré ses qualités indéniables, le MMO ne fait pas beaucoup parler de lui après neuf mois d'existence, bien que Bethesda continue de l'alimenter en contenu très régulièrement. Serait-ce tout simplement le genre RPG multijoueur massif qui s'essouffle? Plutôt centré sur la qualité de ses jeux, quite à en sortir moins souvent, Bethesda nous a également offert The Evil Within, un très bon survival horror imaginé par le père de Resident Evil ainsi que Wolfenstein: The New Order, FPS assez classique mais avec la recette inépuisable de la tuerie de nazis à tour de bras. De plus, la sortie du jeu fut accompagnée d'une communication originale et assez décalée.
Nos souhaits: trois fois rien, une annonce pour The Elder Scrolls VI ou Fallout 4. Même l'un des deux, peu importe lequel. Merci.
Note des jeux: 7,3/10 sur une moyenne de 3 jeux
Taux d'innovation: 33% (Styx)
Communication et bullshit: l'année 2014 fut celle de l'offensive pour Focus Home, marre d'être considéré comme un éditeur intermédiaire, au même rang que Daedalic ou Micro Application. L'éditeur qui monte joue la carte du made in France et de la quantité en proposant de nombreux jeux cette année, pas toujours excellents mais qui ont le mérite de modifier le paysage vidéoludique traditionnel plutôt figé. En association avec Cyanide sort le jeu Styx: Master of Shadows, agréable mélange d'action et d'infiltration, sans doute la petite perle de cette année. Cyanide de son côté a eu la bonne idée de s'associer à Umix pour sortir la version 2015 de Basketball Pro Management 2015, qui franchit un cap et s'avère donc très réussie. On constate de la prise de risques sur divers titres, un choix assez éclectique et une envie de s'imposer grandissante.
Nos souhaits: plein de nouvelles bonnes idées, mais surtout une meilleure finition pour l'ensemble des jeux afin d'en faire des indispensables.
Note des jeux: 6/10 sur une moyenne de 4 jeux
Innovation: 50% (Munin et Blackguards)
Communication et bullshit: Daedalic, un éditeur qui symbolise pleinement la rigueur allemande. Parfois à la limite de l'austérité, Daedalic travaille le Point & Click, la stratégie/RPG et la plate-forme de belle manière et avec sérieux. Toutefois, malgré les univers souvent fouillés (beaucoup autour de The Dark Eye), cela manque souvent de fantaisie. Pour cela, allez ailleurs, Daedalic ne fait pas dans ce genre de divertissement.
Nos souhaits: Un vrai bon Blackguards 2, un vrai projet réussi qui mettra le studio en orbite à l'international.
Note des jeux: 6,7/10 sur une moyenne de 4 jeux
Innovation: 100%
Communication et bullshit: chez Devolver, les mecs sont plutôt en forme, ils lancent constamment de nouveaux projets et prennent souvent de petits studios sous leur aile. Conscients de la hype qui s'empare de chacun de leurs jeux ou presque, ils ont tendance, sous couvert d'originalité, à nous les vendre comme de véritables pépites plus discrètes mais tout à fait indispensables. En réalité, le résultat s'avère plutôt différent et tous ces jeux à gros pixels n'ont pas à chaque fois transcendé la rédaction. Si Luftrausers et The Talos Principle s'avèrent excellents, Always Sometimes Monsters et Gods Will Be Watching laissent un sentiment plus mitigé. D'une bonne idée de part, on termine sur un jeu au final pas ou peu réussi et avec trop de défauts. Le véritable hit de l'année, déjà dispo en early access, ne le cherchez pas, il s'agit de Broforce, officiellement dispo dans le courant de l'année 2015.
Nos souhaits: que Devolver garde sa spontanéité, ses idées, sa mentalité, tant pis pour le déchet, il y a beaucoup de bons produits dans leur ludothèque, c'est ce qu'on retient. L'année 2015 s'annonce plutôt pas mal avec Hotline Miami 2 et Broforce.
Ils n'ont sorti qu'un jeu, voire deux, n'ont peut-être pas de paragraphe dédié à leur existence mais méritent qu'on les cite, car ils se sont fait remarquer cette année, que cela soit positif ou négatif.
Notre top 3: Football Manager 2015, Dungeon of The Endless et The Banner Saga ont en commun le beau 9/10 qu'ils ont récolté à leur sortie. Réussis, indispensables, ils égaient le paysage vidéoludique avec leur qualité au top et sont des exclus PC.
Nos flops: Dans la famille des 3/10, nous demandons Jet Car Stunts, Goat Simulator et Daylight, qui ne promettaient pas grand chose et en effet, étaient nuls. A l'étage en dessous, celui des 2/10, le grand gagnant est Thief, bouse de l'année, raté en tout point même si certains médias ont voulu jouer le contre-pied en le qualifiant de jeu honnête. Bref, on s'en rappellera, mais pas pour les bonnes raisons.
Over hype de l'année: Shovel Knight, le super jeu qui se la joue retrogaming en reprenant tout ses codes. Autant jouer à un vrai jeu des années 80-90...
En bref: Activision et Blizzard nous ont offert ce qu'ils savent faire, à savoir toujours la même chose. Un nouveau Call of Duty, une extension pour WoW ou (et c'est la première fois) une annonce pour un tout nouveau projet. Bandai Namco s'est distingué par un Dark Souls 2 réussi et devrait faire parler de lui grâce à CD Projekt RED, le studio derrière le très attendu The Witcher 3, attendu pour le printemps. Au cas où vous l'auriez loupé, Betrayer, par les créateurs de F.E.A.R., est un bon FPS malgré ses défauts et offre une expérience de jeu unique.
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